Je n'aimais ni les
moules, ni les huîtres, cramponnées à leur rocher comme si elles
n'avaient connu que lui, et ne voulaient pas en connaître d'autre.
Je n'aimais ni l'eau qui stagne, ni le ploc-ploc régulier des
robinets qui fuient. Poèmes sans attraits, déclarations sans
surprises, lignes et pointillés d'une constance indolente, monde
maniaque de l'immobile.
Il
n'y avait que la fuite qui vaille. Courir partout, n'importe comment,
les pieds pleurant, crachant sur l'ardoise, mais courir loin. Revenir
sur ses pas, c'était rester. C'était ne jamais partir.
Et
partir... C'était prévoir, prévenir. Choisir. Sauver ce qui
pouvait l'être. Recommencer.
D'éternité,
il n'en n'existe que dans la fuite, le reste est périssable ou nous
use à la longue. Mais sans stigmates, sans les baisers tièdes que
le temps nous donne, que reste-t-il pour nous promettre qu'on a vécu?
Une pierre qui roule à
l'aveugle ne sait jamais si c'est par lâcheté, par amour ou par
folie qu'elle bat un jour des cils. Elle s'étonne simplement que ce
qu'elle voit ensuite suffise à la persuader de rester.
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